Les mots de Mallarmé - S

Page créée le 01 avril 2007 à 16h47 par François Direz print pdf

Les de Mallarmé, par Littré.

S

SANTAL

(san-tal) ou SANDAL (san-dal), s. m.
1° Nom, en pharmacie, de trois substances ligneuses que l'on distingue par les noms de santal blanc, santal citrin et santal rouge. Poudre des trois santaux.
Santal blanc, santalum album, arbre de l'Inde, dont le bois plaît beaucoup aux indigènes, à cause de l'odeur qu'il exhale. Le santal n'est pas employé dans les constructions, mais on le débite en petites bûches, et on le livre ainsi au commerce, qui le recherche à cause de l'odeur aromatique qu'il dégage ; cette odeur n'est pas du goût des Européens, mais elle plaît beaucoup aux habitants des îles du Pacifique, qui en parfument l'huile de coco dont ils s'enduisent le corps et les cheveux ; les Chinois brûlent ce bois dans leurs temples et s'en servent comme d'encens, CLAVÉ, Rev. des Deux-Mondes, 15 avr. 1867, p. 852.
Santal rouge, pterocarpus santalinus, légumineuses papilionacées, arbre de l'Inde qui fournit un bois de teinture estimé.

SÉCULAIRE

(sé-ku-lê-r'), adj.
1° Terme d'antiquité romaine. Qui se fait de cent ans en cent ans. Jeux séculaires. Les jeux séculaires avaient été institués par Valerius Publicola, premier consul après l'expulsion des Tarquins ; Septime-Sévère fut le dernier qui les célébra. Ces fêtes ou ces jeux qu'on appelait séculaires, devaient être célébrés suivant une prétendue prédiction contenue dans les livres des sibylles, qui annonçaient que l'empire romain se maintiendrait dans toute sa gloire, tant que ces fêtes seraient exactement célébrées, DUMARS. Oeuv. t. I, p. 45.
Par extension. Vous n'ignorez pas qu'on vient d'établir une espèce de jeux séculaires en l'honneur de Shakespeare, en Angleterre ; ils viennent d'être célébrés avec une extrême magnificence, VOLT. Lett. Champfort, 27 sept. 1769.
Poëme séculaire, pièce de poésie lyrique, qui était composée pour les jeux séculaires. Il faut avouer que le poëme séculaire d'Horace est un des plus beaux morceaux de l'antiquité, VOLT. Dict. phil. Oraison.
2° Année séculaire, l'année qui termine un siècle. à chaque année séculaire on ouvre la porte sainte à Rome.
3° Dans le style soutenu. Qui a ou qui dure beaucoup d'années. Son vieux tronc, par sa durée séculaire, insultant à la fragilité des générations humaines, DELILLE, Trois règ. Disc. prél. Au pied du trône séculaire Où s'assied un autre Nestor [Louis XVIII], De la tempête populaire Le flot calmé murmure encor ! LAMART. Médit. I, 15. Quand Dieu, las de forfaits, se lève en sa colère, Il suscite un fléau formidable aux cités, Qui laisse après sa suite un effroi séculaire, V. HUGO, Odes, V, 4.
4° En astronomie, il se dit de ce qui exige des siècles pour que l'effet s'en fasse sentir. Inégalités séculaires.

SÉPULCRE

(sé-pul-kr'), s. m.
1° Tombeau, en parlant des anciens. Les sépulcres de l'Egypte.
Le saint sépulcre, le sépulcre où Jésus-Christ fut déposé après sa mort.
Le Saint-Sépulcre, nom d'une église à Jérusalem contenant, à ce qu'on croit, le sépulcre où fut mis Jésus-Christ.
Chanoine du Saint-Sépulcre, chanoines institués par Godefroy de Bouillon pour desservir cette église.
Chevaliers du Saint-Sépulcre, ordre militaire fondé en 1492 par Alexandre VI.
Fig. Dans le langage de l'Écriture, des sépulcres blanchis, des hypocrites ; locution tirée de ce que, les tombeaux étant impurs chez les Juifs, on avait soin de les blanchir à la chaux, pour avertir de ne pas s'en approcher ; de sorte que le sépulcre, blanc au dehors, était impur au dedans. L'ambition fait trouver ces expédients dangereux où, semblable à un sépulcre blanchi, un juge artificieux ne garde que les apparences de la justice, BOSSUET le Tellier. Découvrant ....la puanteur de ces sépulcres blanchis, MASS. Or. fun. Villeroy.
2° Dans le langage élevé ou poétique, monument funéraire. On enveloppe presque de même façon ceux qui naissent et ceux qui sont morts : un berceau a quelque idée d'un sépulcre ; et c'est la marque de notre mortalité qu'on nous ensevelisse en naissant, BOSSUET 1er sermon, Nativité, 2. Lazare meurt ; son corps abandonné trouve à peine un peu de terre qui lui serve de sépulcre, MASS. Carême, Mauv. riche. Si la moindre persécution y venait [à Ferney] effrayer mon indépendance, il y a partout des sépulcres, rien ne se trouve plus aisément, VOLT. Lett. Mme de St-Julien, 3 mars 1769. Dans un même sépulcre enferme-nous tous deux, ID. Scythes, IV, 6.
Fig. Oui, Pompée avec lui porte le sort du monde, Et veut que notre Égypte en miracles féconde Serve à sa liberté de sépulcre, ou d'appui, CORN. Pomp. I, 1. La demeure de l'oisif est un sépulcre, DIDER. Claude et Nér. II, 29.
3° Fig. Il se dit de ce qui enveloppe, enferme comme un sépulcre. Nos corps sont des sépulcres où nos âmes sont gisantes et ensevelies, BOSSUET Pensées chrét. 7. Enfermé dans ce sépulcre blanc [un pays couvert de neige], j'ignore où vous en êtes, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 11 févr. 1771.

SÉRAPHIN

(sé-ra-fin), s. m.
Ange de la première hiérarchie. Instruits d'un si haut mystère [la Trinité], et étonnés de sa profondeur incompréhensible, nous couvrons notre face devant Dieu avec les séraphins que vit Isaïe, et nous adorons avec eux celui qui est trois fois saint, BOSSUET Hist. II, 6. Je crus entendre la voix d'un séraphin, lors que cet homme me dit en posant le sac sur une table : Seigneur Gil Blas, voilà ce que Mme la marquise vous envoie, LESAGE, Gil Bl. IV, 15.

SÉRAPHIQUE

(sé-ra-fi-k'), adj.
1° Qui appartient aux séraphins. Ardeur séraphique.

SÈVRES

(sè-vr'), s. m.
Porcelaine fabriquée à la manufacture de Sèvres près Paris, qui fut fondée en 1756.
Vieux sèvres, porcelaine de Sèvres fabriquée avant le rétablissement de la manufacture sous le Consulat.

SIBYLLIN, INE

(si-bil-lin, li-n'), adj.
De sibylle. Les prédictions sibyllines. Les oracles sibyllins. Enfant, on me disait que les voix sibyllines Promettaient l'avenir aux murs des sept collines, V. HUGO, Odes, Chant de fête de Néron.
Livres sibyllins, livres qui contenaient les oracles des sibylles. Ces mêmes Romains ont à la fin laissé périr les livres sibyllins, si longtemps révérés parmi eux comme prophétiques, BOSSUET Hist. II, 13. La première collection de vers sibyllins, achetée par Tarquin, contenait trois livres ; la seconde fut compilée après l'incendie du Capitole, mais on ignore combien de livres elle contenait ; et la troisième est celle que nous avons en huit livres, et dans laquelle il n'est pas douteux que l'auteur n'ait inséré plusieurs prédictions de la seconde, VOLT. Dict. phil. Sibylle.

STEAMER

(sti-meur), s. m.
Navire à vapeur. Au lieu de ce mot anglais, il vaut mieux dire : un vapeur.

STYX

(stiks'), s. m.
1° Nom d'une fontaine d'Arcadie, fameuse par le froid extrême de ses eaux, qui étaient mortelles, disait-on, pour ceux qui en buvaient.
2° Fleuve qui, selon la mythologie, coulait aux enfers ; les dieux juraient par le Styx, et ce serment ne pouvait être violé. C'en est fait, j'ai juré par les ondes du Styx, FÉN. Tél. VII. Descends sur les rives sombres du Styx, ID. ib. XVI.

SYLPHE, IDE

(sil-f', fi-d'), s. m. et f.
1° Nom que les cabalistes donnaient aux prétendus génies élémentaires de l'air. Une petite critique contre la Bérénice de Racine, qui me parut fort plaisante et fort spirituelle ; c'est de l'auteur des sylphides, des gnomes et des salamandres [Montfaucon de Villars], SÉV. 16 sept. 1671. Cette guerre sera très bien fondée, et, si les sylphes pouvaient périr, ils ne le pourraient faire dans une plus belle occasion, ID. 18 oct. 1671. Je n'outre rien ; telle est en somme La demeure où je vis en paix, Concitoyen du peuple gnome, Des sylphides et des follets, GRESSET, Chartreuse. Sans quelques réminiscences de jeunesse et Mme d'Houdetot, les amours que j'ai sentis et décrits n'auraient été qu'avec des sylphides, J. J. ROUSS. Conf. XI. Lucile enfin mit sur cette main un pied charmant, et s'élança si légèrement à cheval, que tous ses mouvements donnaient l'idée d'une de ces sylphides que l'imagination nous peint avec des couleurs si délicates, STAËL, Corinne, XVII, 6. Elle [la raison] niait votre existence, Sylphes charmants, peuples de l'air, BÉRANG. Sylphide. Je suis l'enfant de l'air, un sylphe, moins qu'un rêve, Fils du printemps qui naît, du matin qui se lève, V. HUGO, Ball. 2.
Fig. Arioste à son tour, sylphe heureux du Parnasse, Souple et nerveux, unit et l'adresse et l'audace, MILLEV. Invention poétique. Tous les plaisirs, sylphes de la jeunesse, Éveilleront sa lyre au sein des nuits, BÉRANG. Tailleur.
On dit en parlant d'une jeune femme élancée et gracieuse : C'est une sylphide, elle danse comme une sylphide. Je vous en dirai davantage, quand j'aurai vu Sylphide [Mme de Coulanges], SÉV. 16 sept. 1676.

Dernière modification le 13 avril 2007 à 18h47