Le Pitre châtié

Page créée le 22 novembre 2006 à 19h06 par François Direz print pdf

LE PITRE CHÂTIÉ
Stéphane MALLARMÉ

première parution : 1887

Manuscrit

Yeux, lacs avec ma simple ivresse de renaître
Autre que l’histrion qui du geste évoquais
Comme plume la suie ignoble des quinquets ,
J’ai troué dans le mur de toile une fenêtre.

De ma jambe et des bras limpide nageur traître,
À bonds multipliés, reniant le mauvais
Hamlet ! c’est comme si dans l’onde j’innovais
Mille sépulcres pour y vierge disparaître.

Hilare or de cymbale à des poings irrité,
Tout à coup le soleil frappe la nudité
Qui pure s’exhala dans ma fraîcheur de nacre,

Rance nuit de la peau quand sur moi vous passiez,
Ne sachant pas, ingrat ! que c’était tout mon sacre,
Ce fard noyé dans l’eau perfide des glaciers.

<< Placet futile | Poèmes de Mallarmé | Les Fenêtres >>

Note :

Dernière modification le 13 décembre 2008 à 09h31