Renouveau
Le printemps maladif a chassé tristement
L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,
Et, dans mon être à qui le sang morne préside
L’impuissance s’étire en un long bâillement.
Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau
Et triste, j’erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane
Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève...
― Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveil
De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
Fleurs par Odilon Redon, 1903
Premier état du poème
VERE NOVO... Le printemps maladif a chassé tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide : Dans mon être où, dès l'aube, un sang plombé préside L'impuissance s'étire en un long baillement. Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau ; Et, morne, j'erre après un Rêve vague et beau Par les champs où la sève immense se pavane. Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las, Et creusant de ma face une fosse à mon Rêve, Mordant la terre chaude où poussent les lilas, J'attends, en m'abîmant, que le Néant se lève.... ― Cependant que l'azur rit dans la haie en éveil Où des oiseaux en fleur gazouillent du soleil !
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