A F.

Page créée le 18 avril 2007 à 17h31 par François Direz print pdf

A F.

Bien aimée, parmi les maux pressants qui s attroupent autour de mon sentier terrestre - morne sentier, hélas ! où ne croît pas même une rose solitaire, mon âme a, du moins, un soulas [1] dans des rêves de toi, et y sait un Éden de chers repos.

Ton souvenir est pour moi comme une île enchantée au loin dans une mer tumultueuse - quelque océan vaste et libre, tressautant de tempêtes - mais où néanmoins les cieux les plus sereins sourient continuel lement juste au-dessus de cette brillante île.

Je ne prends point garde que mon sort terrestre n'a presque rien de la terre, que des années d'amour ont été oubliées dans la haine d'une minute : mon deuil n'est point que les désolés même ne soient plus heureux - bijou ! que moi, mais que vous vous chagrinez de mon sort, moi qui suis un passant.

TO F ----

BELOVED! amid the earnest woes
That crowd around my earthly path --
(Drear path, alas! where grows
Not even one lonely rose) --
My soul at least a solace hath
In dreams of thee, and therein knows
An Eden of bland repose.

And thus thy memory is to me
Like some enchanted far-off isle
In some tumultuous sea --
Some ocean throbbing far and free
With storms -- but where meanwhile
Serenest skies continually
Just o'er that one bright island smile.

Note :

[1] Soulas : Terme vieilli. Soulagement, consolation, joie, plaisir.

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Dernière modification le 06 novembre 2008 à 12h34